LE MYTHE DE LA CHARTE D'ALBERT DE CUYCK - État de la question (1ère Partie)

Publié le par sorinabarjov

               Le contenu de la "charte d'Albert de Cuyck" n'est connu que par un diplôme perdu depuis très longtemps dans des circonstances mystérieuses, qui aurait été conféré aux bourgeois de Liège par le roi de Germanie Philippe de Souabe peu de temps avant sa mort en 12081.


L'octroi de cette charte épiscopale supposée n'a laissé aucune trace dans les annales et les chroniques de l'époque, pas davantage que le diplôme prétendant confirmer la teneur de privilèges émanant d'un évêque de Liège du nom d'Albert.

 

Il faut attendre la fin du XIVesiècle, voire le début du XVe, pour trouver les premières mentions du diplôme, — non de la prétendue charte, et à l'occasion d'interpolations probables, — chez le chroniqueur Jean d'Outremeuse avec la reproduction de son texte complet, chez Jacques de Hemricourt de deux de ses articles seulement, puis quelques années plus tard chez Jean de Stavelot, continuateur de "Maître Jean d'Outremeuse", sous la forme d'une traduction romane2.

 

Du diplôme, nous rencontrons aussi l'utilisation de l'un de ses articles en 1400 et 1405 contre l'évêque Jean de Bavière3. Encore une fois c'est le "privilège impérial" qui est invoqué. Le nom de "l'évêque Albert" ne semble guère ici avoir la moindre importance aux yeux des rédacteurs de ces actes. Sinon on ne se serait pas contenté de rester dans l'imprécision en le mentionnant.

 

En 1613 Chapeauville, un des "premiers historiens liégeois", célèbre par son manque de critique dans sa compilation des sources médiévales, — notam­ment de l'œuvre du chroniqueur Gilles d'Orval, — en commentant la discorde de 1198 entre les bourgeois et le clergé de la cité au sujet de la fermeté4, notait que l'on n'avait jamais trouvé dans les sources narratives la moindre trace d'une concession de privilèges faite par un "évêque Albert" aux Liégeois. Il avait eu connaissance de plusieurs copies en langue romane du prétendu diplôme de Philippe de Souabe, qu'il mentionnait comme "une pièce supposée", et les mots fameux du dispositif du diplôme faisant allusion à un certain évêque Albert  avaient retenu son attention, mais il ne se demandait même pas s'il s'agissait d'Albert de Cuyck ou d'Albert de Louvain, puisqu'il pensait que cette charte n'avait jamais existé5.

 

Évidemment Chapeauville n'avait pas intérêt, en tant que dignitaire ecclésiastique au service de l'évêque, à publier quoi que ce fût qui eût pu favoriser les thèses du parti populaire, les Grignoux. On était alors au temps où la cité de Liège s'opposait à la volonté du prince et du chapitre cathédral de mettre au pas la démocratie liégeoise. Il n'empêche que l'on peut attribuer à Chapeauville le mérite d'avoir été le premier "historien" à remarquer que le diplôme de Philippe de Souabe prétendait être une confirmation de privilèges octroyés d'abord par un évêque du nom d'Albert.

 

En 1629, Étienne Rausin, bourgmestre de Liège, membre du parti des Grignoux, un des avocats de la cité à la Chambre impériale de Spire dans son procès contre le prince et le chapitre de Saint-Lambert au sujet du statut de ville impériale qu'elle revendiquait depuis 15666, fit paraître un mémoire contenant les arguments qui devaient convaincre les juges, du moins le pensait -il.

 

Dans ce livre, mieux connu sous le nom abrégé de Delegatio, parmi les pièces utilisées comme preuves du bien-fondé de sa cause, Rausin mentionnait le "diplôme de Philippe de Souabe", qui avait d'ailleurs à ses yeux plus de poids que la charte épiscopale dont il prétendait confirmer le contenu. Donc, il était de peu d'importance qu'un évêque du nom d'Albert accordât ces "privilèges", d'autant que les Liégeois, pour les faire confirmer, se seraient adressés en 1208 à leur évêque Hugues de Pierrepont plutôt qu'au roi de Germanie Philippe de Souabe. D'autre part, puisque le "diplôme" était une confirmation, les Liégeois auraient déjà bénéficié depuis longtemps des "privilèges" en question7, ce qui n’était nullement prouvé.


Mais la suite des événements ne fut pas favorable à ce fier Grignoux et il finit par passer dans le camp opposé. Il fit alors paraître à Namur, en territoire étranger, un livre qui servait à détruire les arguments juridiques de la cité dans son procès à la Chambre impériale. Puisque les Liégeois s'appuyaient sur des diplômes impériaux pour faire valoir leurs arguments, l'avocat essayait de démontrer que ces documents produits devant les juges du Tribunal d'Empire n'avaient pas la portée qu'on voulait bien leur prêter, ou bien qu'ils étaient tout simplement des faux fabriqués par leurs bénéficiaires. Pour arriver à ses fins, il tentait de prouver que ces pièces n'auraient pas pu avoir été rédigées à la chancellerie dont elles semblaient provenir. Selon Rausin8, le roi Philippe ne pouvait confirmer ce qu'avait accordé un évêque mort huit ans auparavant, car ces privilèges auraient dû mourir avec leur auteur ; en outre, si le diplôme était authentique, Hugues de Pierrepont (successeur de notre Albert, ce  "philanthrope mitré" mort en 1200) et le chapitre de Saint-Lambert auraient dû y être mentionnés en 1208, — le document ne comportant par ailleurs aucune liste de témoins ! En outre, il n'est pas prouvé que Philippe se trouvait à Düren à la date indiquée. Quant à Albert de Cuyck, il aurait pu accorder des privilèges aux Liégeois parce qu'il aurait été simoniaque9, — ce qui dévalorisait la portée de toute charte émanant de lui, puisqu'elle aurait été obtenue à prix d'argent ; en outre, membre du parti opposé au "bon évêque" Albert de Louvain, frère du duc de Brabant, il ne pouvait que faire du tort à l'Église de Liège en concédant des libertés qui devaient fatalement amoindrir le Patrimoine de saint Lambert, ce Grand Saint Martyr Patron du Pays. Il ne faut pas perdre de vue que Rausin écrivait alors en faveur des Chiroux, le parti aristocratique, allié au souverain Habsbourg, lointain successeur du frère de l'évêque Albert de Louvain en tant que duc de Brabant. Enfin le bourgmestre transfuge se flattait de constater que les différentes confirmations de la supposée charte épiscopale n'avaient accordé aucun nouveau droit à leurs bénéficiaires10, — un diplôme véritable, et non "supposé", aurait dû selon lui contenir des privilèges supplémentaires s'ajoutant à ceux qui devaient provenir de la chancellerie de l'évêque.

 

Étienne Rausin fut donc le premier à se poser la question de savoir qui était cet évêque Albert  mentionné dans le diplôme dit "de Philippe de Souabe", tout en déclarant qu'il était oiseux de conjecturer à ce sujet ; précisant que la "littérature historique" (l'historiographie liégeoise de l'époque) faisait d'Albert le fauteur de cette satanée charte, qui ne pouvait d'ailleurs qu'être l'œuvre d'un adepte de la simonie11.

 

Quant à Albert de Louvain, par contre, en ce début du XVIIesiècle, il passait pour un très saint homme, lui qui avait abandonné sa vie de chanoine de Saint-Lambert pour se faire armer chevalier par le comte de Hainaut Baudouin V, ennemi de son père le duc de Brabant Godefroid III. Celui-ci obligea d'ailleurs par la suite son fils à réintégrer son ancien état de clerc, car il avait intérêt à faire de lui un évêque de Liège plutôt qu'un homme de guerre12.

 

Rausin avait sans doute lu les exploits  d'Albert de Louvain  dans le livre de Chapeauville, paru en 1613, l'année même où le culte de cet évêque, tué plus de quatre cents ans auparavant, fut confirmé par le pape Paul V, près d'un an après que l'on eût, en grandes pompes, à la demande des archiducs Albert et Isabelle, transféré de Reims  à  Bruxelles, puis réinhumé le 11 décembre 1612 au Carmel de cette ville, les "restes du Martyr", — en fait ceux de l'archevêque Odalric, mort en 97113!

 

La mort et les miracles du saint louvaniste firent d'ailleurs l'objet de toute une littérature hagiographique à l'occasion de sa canonisation et du transfert de "ses" restes. Miræus publia une Vita Alberti  tirée de l'œuvre de Chapeauville14, ensuite traduite en espagnol par Fr. Andres de Soto sous le titre de Vida de San Alberto15.

 

Citons encore une traduction française des extraits de Gilles d'Orval concernant le sujet, effectuée par Chr. Beys16, qui devint Le pourtrait du vray pasteur, ou histoire mémorable de Saint Albert [...],  dédié à l'Archiduc Albert, souverain des Pays-Bas, œuvre de Guillaume de Rebreviettes († Bruxelles 1633) Sieur d'Escœuvres17, puis une Oratio moralis et historica18composée par le fran­cis­cain F. Nicolas Oranus du couvent d'Avesnes.

 

Enfin, pour couronner le tout, signalons une pièce de théâtre, la Tragédie Albert19. Rebreviettes, parmi d'autres, contribua à forger une image très catholique des souverains des Pays-Bas et à créer le mythe de "l'archiduc Albert, souverain-modèle".

 

Pourquoi cet engouement pour Albert de Louvain ? On ne peut s'empêcher de penser au contexte historique de sa canonisation : c'était l'époque de la Réforme catholique, dite Contre-Réforme, et l'on aimait alors proclamer l'im­portance des saints dans le culte catholique, contre les protestants de tous poils qui, eux, les avaient relégués aux oubliettes. C'est très clair, puisque justement dès 1612, on constate un regain de la Contre-Réforme dans la principauté de Liège, avec l'arrivée au pouvoir de Ferdinand de Bavière. Sous son épiscopat se produit une efflorescence de couvents et d'abbayes dans le diocèse de Liège (plus de soixante-dix établissements religieux en une trentaine d'années)20.

 

En 1642 le Père Fisen, en ce qui concerne l'attribution à Albert de Cuyck d'une donation de charte de libertés aux Liégeois, prétendait dans son histoire de Liège que cet évêque passait pour avoir "augmenté la liberté du peuple", cons­tatant cependant qu'aucun acte souscrit par ce prélat ne nous était parvenu, mais seulement la mention de son nom dans un "diplôme de Philippe de Souabe"21.

 

En 1654 le jésuite Foullon fit sienne l'interprétation qu'avait publiée Fisen, tout en blâmant Albert de Cuyck d'avoir accordé une telle charte aux Liégeois22. Pas plus que Fisen, il ne doutait de l'authenticité de la confirmation "émanant du roi Philippe".

 

Quittant le terrain des luttes politiques et sociales de la cité, le jurisconsulte Charles de Méan reprit les notes copieuses de son père Pierre († 1638) sur l'ancien droit liégeois, les compléta par ses études personnelles sur la Coutume telle qu'on pouvait s'en donner une idée à la lecture des paweilhars,  ces vieux recueils de jugements utilisés par les Échevins mais qui n'avaient pas force de loi. Dans le tome 4 de la publication (1652-1663) des résultats de son labeur, il fit un com­mentaire juridique  du "diplôme de 1208", sans aborder l'aspect historique  de la question23.

 

En 1714, Louvrex publia son Recueil des Edits et y inséra le contenu d'une copie du diplôme de 120824; il en fit un commentaire, qui ne fut publié que dans la seconde édition de cet ouvrage, après sa mort25.

 

Onze ans plus tard (1725), le carme Théodose Bouille reprit à son compte les assertions de Fisen et de Foullon sans émettre la moindre restriction concernant la donation d'une charte de libertés par Albert de Cuyck aux bourgeois et la véracité du "privilège de Philippe de Souabe"26.

 

Au cours des polémiques qui annonçaient la Révolution liégeoise de 1789, fut-il question d'Albert de Cuyck et de Philippe de Souabe comme Pères de la Démocratie liégeoise, annonçant la Paix de Fexhe ?

 

Sur trois publicistes, seul le mystérieux "Abbé de Paix", — en fait l'avocat Piret, conseiller de l'évêque Hoensbroeck, — cite l'ouvrage de Foullon pour admettre qu'Albert de Cuyck aurait accordé des libertés aux Liégeois27.

 

Quant au futur révolutionnaire N.J. Levoz, un des protagonistes de l'Affaire des Jeux de Spa,  avant de devenir un ténor de l'extrémisme montagnard à Liège et à Paris, il ignorait l'existence des privilèges impériaux28,... ou bien il ne trouvait aucun intérêt à en prendre argument en faveur de sa cause. Il est vrai que sa profession de marchand ne lui avait pas fait connaître les ouvrages des historiens liégeois.

 

Plusieurs mois de révolution (1790) ne suffirent pas non plus à François Léonard Duperron, pourtant commissaire de la cité et, en tant que tel, compétent en matière d'archives communales, pour qu'il daignât évoquer le souvenir du document "le plus auguste de l'histoire liégeoise"29.

 

Après la tourmente de la Révolution vint l'Empire. En 1812 le Baron de Villenfagne y alla, lui aussi, de ses Recherches, pour lesquelles il obtint d'ailleurs un prix octroyé par la Société d'Émulation. Mais, contrairement à ses proches devanciers, il mentionna le privilège impérial,... pour en révoquer l'authenticité en doute en se basant sur le silence du chroniqueur Gilles d'Orval à son sujet et rappeler que Chapeauville le considérait comme "une pièce supposée". En outre il doutait qu'Albert de Cuyck eût accordé des libertés aux bourgeois, arguant de celles qu'ils auraient possédées déjà depuis plusieurs dizaines d'années30. C'était de bonne guerre puisque, partisan de l'Ancien Régime, ce baron ne pouvait se faire à l'idée qu'un évêque eût pu faire des concessions aux bourgeois. Cependant dans la suite, à date inconnue, il nota dans un manuscrit qui ne fut publié que bien plus tard par le Chevalier de Theux que « Albert de Cuyck, prince de Liège, donna à ses sujets, à la fin du XIIesiècle, de grandes franchises, qui furent confirmées en 1208 dans un diplôme de l'empereur Philippe »31. Il est difficile d'expliquer la cause de ce revirement. Est-il dû au changement de régime politique intervenu en 1815 ? Ou bien à l'assagissement par l'âge d'un esprit autrefois excité contre les idées de 178932? Faudrait-il y voir, peut-être, une sorte de camouflet déguisé envers le souverain de l'époque, le roi des Pays-Bas, de religion protestante, rappelant insidieusement la "générosité" d'un évêque catholique ?

 

Avant la naissance de la Belgique, un ancien serviteur du Directoire, le fidèle fonctionnaire Dewez, devenu inspecteur dans l'enseignement secondaire, s'improvisa, lui aussi, historien de nos contrées, faisant notamment paraître, en 1822, une Histoire du pays de Liège33. Il croyait à la réalité historique de libertés accordées par Albert de Cuyck aux Liégeois, mais pensait qu'elles n'avaient eu force de loi que par leur confirmation en 1208 par Philippe de Souabe. Se basant sur l'histoire de Liège de Foullon, il nous dépeignait l'illustre évêque comme "l'Ami du Peuple", en souvenir, sans doute, de Marat ! ?

 

 


11Frère de l'empereur Henri VI mort le 28 septembre 1197. — On trouvera infra (chap. 2) une notice historique sur Albert de Cuyck, "prince-évêque" de Liège de 1194 à 1200, débarrassé de ce manteau mythique qui lui colle à la peau comme une tunique de Nessus depuis beaucoup trop longtemps.

22JEAN D'OUTREMEUSE, Ly Myreur des histors, t. 5, éd. BORGNET, Bruxelles, 1867, pp. 255 sv. — Il écrit vers 1395-1398 (cfr Sylvain BALAU, Étude critique sur les sources de l'histoire de Liège au Moyen Âge, Bruxelles, 1903, pp. 559 sv. ; — G. KURTH, Étude critique sur Jean d'Outremeuse, Bruxelles, 1910). — JACQUES DE HEMRICOURT, Œuvres, t. 3, éd. DE BORMAN, BAYOT et PONCELET, Bruxelles, 1931, pp. 83 et 88. — Le Patron delle Temporaliteit, l'œuvre de Hemricourt qui mentionne le "diplôme de 1208", a été composé de 1360 à 1399 (BALAU, Étude critique..., pp. 546 sv.). — Jacques de Hemricourt fut greffier des Échevins de Liège de 1356 à 1383, notaire impérial, secrétaire du Tribunal des Lignages (1372), assesseur de la Cour foncière de la cathédrale de 1378 à 1386 et conseiller de l'évêque (1380). Conservateur, mais bien placé pour nous parler des institutions liégeoises. Néanmoins les chapitres traitant des monnaies, des poids et mesures, du poids du pain et des mandements des menuisiers et des boulangers ne sont pas de Hemricourt, mais d'un ou plusieurs compilateurs de cette œuvre juridique, peut-être Jean de Temploux, qui fut secrétaire des Échevins de Liège en 1426 (voir A. JOURNEZ, Hemricourt, dans la Biographie Nationale, t. 9, Bruxelles, 1886-1887, col. 35 sv.) : précisément, un au moins des deux articles cités "par Hemricourt" fait partie du chapitre sur le poids du pain ! — Cfr J. LEJEUNE, Liège et son Pays. Naissance d'une Patrie (XIIIe-XIVesiècles), Liège, 1948, p. 204. — JEAN DE STAVELOT, Chronique, éd. BORGNET, Bruxelles, 1861, pp. 152 sv. : extrait datant de 1415-1447 (S. BALAU, Op. cit., pp. 595 sv.).

3 Voir infra le chapitre consacré à la tradition manuscrite.

4 Impôt pour l'édification et l'entretien des murailles de la cité.

5 Gilles d'Orval écrivait entre la fin du premier tiers du XIIIesiècle et 1251. — Voir Jean CHAPEAVILLE, Qui gesta pontificum [...] leodiensium scripserunt auctores praecipui, t. 2, Liège, 1613, p. 194. — Chapeauville, 1551-1617, théologien, inquisiteur de la foi, chanoine de Saint-Pierre puis de Saint-Lambert, vicaire général, archidiacre de Famenne (P. HELBIG, Chapeauville, dans la Biographie Nationale, t. 3, Bruxelles, 1872, col. 428 sv.). — Sur le chroniqueur Gilles d'Orval, voir Sylvain BALAU, Étude critique sur les sources de l'histoire de Liège au Moyen Âge, pp. 451-461.

6 Émile FAIRON, Notes pour servir à un cartulaire de la Cité de Liège, dans le Bulletin de la Commission Royale d'Histoire, t. 82, Bruxelles, 1913, p. 212.

7 Étienne RAUSIN, Ad Sacratissimam Caesaream Majestatem Inclytae Civitatis Leodiensis Delegatio, Liège, 1629, pp. [17] sv.

8 RAUSIN, Leodium Ecclesiae Cathedralis sive De Dominio, Regalibus, Mero, Mixtoque Imperio, ac Omnimoda Iurisdictione Serenissimo Principi Ferdinando Bavaro Episcopo et Principi Eburonum Competentibus in Urbe Leodiensi Sacro Romano Imperio mediate subiecta Remotis fabulis, erroribus et usurpationibus popularibus libri duo, Namur, 1639, pp. 199-216 et 404-407. — Rausin, mort à Liège en 1659, jurisconsulte, poète, écrivain politique, avocat, membre du Tribunal des XXII ; obtint le droit de bourgeoisie en 1627 et devint aussitôt bourgmestre (cfr J. BRASSINE, Rausin, dans la Biographie Nationale, t. 18, Bruxelles, 1905, col. 785 sv.).

9 Cette pratique de la vénalité des offices était courante à l'époque. Se servir, comme Rausin le fait, d'une telle allégation de simonie pour ternir une réputation, c'est faire preuve d'anachronisme. Car devenir abbé de monastère à prix d'argent n'a rien de commun avec la donation ou la confirmation de privilèges en faveur des "bourgeois conquérants". — Sur la "simonie" d'Albert de Cuyck, cfr la thèse de M. le professeur J.-L. KUPPER, Liège et l'Église impériale, XIe-XIIesiècles, Liège, 1981, pp. 298 sv., où nous voyons l'abbé Guibert de Gembloux se venger de notre évêque au sujet du "vice" ici concerné, parce que le prélat avait lésé son monastère au profit de la duchesse de Brabant (1198) en lui accordant des droits sur deux églises brabançonnes qui relevaient de cette communauté religieuse depuis 1185. Guibert écrivit au pape, feignant d'avoir des scrupules au sujet de l'obtention de son abbatiat, pour laquelle les moines avaient payé Albert à son insu ; le pape le tranquillisa (1199), cet acte de simonie étant le fait des moines ; de toutes manières le droit canon permet plus aisément la translation d'un bénéfice inférieur à un supérieur que l'inverse : Guibert, simple moine, devenant abbé.

10 RAUSIN, Leodium..., pp. 207 sv.

11 Simonie dont fait aussi état Chapeauville (Op. cit., t. 2, p. 194), à la suite du chroniqueur Gilles d'Orval, lui qui n'est pas contemporain des événements qu'il raconte, donc en qui tout véritable historien se doit de n'avoir pas du tout confiance (Gesta episcoporum leodien­sium, édition J. HELLER, dans les Monumenta Germaniae Historica, Scriptores, t. 25, pp. 116 sv.). — La simonie était d'ailleurs alors, aux XIIe-XIIIesiècles, monnaie courante à Liège (cfr Christine RENARDY, Synodes, juridiction de la Paix et cessions de dîmes aux églises, XIe-XIVesiècle, dans Le Moyen Âge, Bruxelles-Paris, t. 81, 1975, pp. 248 sv.).

12 Édouard DE MOREAU, Histoire de l'Église en Belgique, t. 3, Bruxelles, 1945, p. 82. — J.-L. KUPPER, Saint Albert de Louvain, Évêque de Liège, dans Feuillets de la Cathédrale de Liège, n° 7, Liège, 1992, pp. 4 sv., qui donne une bibliographie sommaire concernant la vie et la mort d'Albert de Louvain.

13 Sur la réinhumation et la canonisation d'Albert de Louvain, cfr le Père Édouard DE MOREAU, Histoire de l'Église en Belgique, t. 3, Bruxelles, 1946, pp. 89 sv. (ses restes furent retrouvés en 1920 dans la cathédrale de Reims).

14 En un vol in-folio, chez David Martinius, Anvers, 1612.

15 In-8°, Velpius et Anthoine, Bruxelles, 1613.

16 La vie martyre, eslevation, translation et miracles de S. Albert [...], in-8°, Beys, Lille, 1613. — Un exemplaire en est conservé à la Bibliothèque de l'Université de Liège, cote 7440 A.

17 In-8°, François Huby, Paris, 1613. — Sur le côté catholique très prononcé de l'archiduc Albert, beau-fils et neveu de Philippe II d'Espagne, cfr Denis DIAGRE, L'archiduc Albert, souverain-modèle ou ange exterminateur, dans Les grands mythes de l'Histoire de Belgique, de Flandres et de Wallonie, sous la dir. d'Anne Morelli, éd. Vie Ouvrière, Bruxelles, 1995, p. 117.

18 Oratio moralis et historica latine concepta et gallice pronunciata in honorem D. Alberti S.R.E. cardinalis necnon ecclesiae Leodiensis episcopi et principi, ac tandem [...] martyris, in templo nobilium domicellarum collegii S. Aldegondis Malbodii, dum solemniter ejusdem martyris reliquiae a Rhemis in Belgiam reducerentur [...], postera die quam ab Avesnis adventassent 4 decembris anno 1612, in-4°, B. Bellerus, Douai, 1613. — Cfr Xavier DE THEUX, Bibliographie liégeoise, 2deéd, Bruges, 1885, col., 1331 sv.

19 In-4°, Velpius et Anthoine, Bruxelles, 1613.

20 Bruno DEMOULIN, Les Princes de la Maison de Bavière а Liège du Grand Siècle au Siècle des Lumières, dans La Vie Wallonne, t. 58, Liège, 1984, pp. 30 sv. ; — Bruno DEMOULIN et J.-L. KUPPER, Histoire de la principauté de Liège de l'an mille à la Révolution, Toulouse, 2002, pp. 164 sv.

21 B. FISEN, Sancta Legia Romanae Ecclesiae Filia, sive Historiarum Ecclesiae Leodiensis Partes Duae, [éd. complète], t 1er, Liège, 1696, p. 274. — Barthélemy Fisen, 1591-1649, jésuite, écrivain ecclésiastique, comme historien il manque de critique et fait preuve de crédulité excessive ; la version complète de son histoire de Liège parut longtemps après sa mort, — elle ne se constituait d'abord que d'un seul volume paru en 1642, dans lequel l'auteur nous présente des "libertés accordées par Albert de Cuyck et confirmées par Philippe de Souabe" à la page 435 ; le titre exact de cette première édition est Historia Ecclesiae Leodiensis (cfr H. HELBIG, Fisen, dans la Biographie Nationale, t. 7, Bruxelles, 1880-1883, col. 76 sv.).

22 J.E. FOULLON, Historia leodiensis, 1èreéd. en 1 vol., Liège, 1654, p. 83 ; 2deéd. en 1 vol., Liège, 1656, p. 89 ; 3eéd., t. 1er, Liège, 1735, p. 299. Le texte du diplôme est édité seulement dans le t. 2 de la 3eéd., Liège, 1736, p. 388. — Jean-Érard FOULLON, 1609-1668, jésuite depuis l'âge de seize ans (cfr J. PETY DE THOZÉE, Foullon, dans la Biographie Natio­nale, t. 7, 1880-1883, col. 207 sv.).

23 Charles DE MÉAN, Observationes et res judicatae, réimpr. en 5 vol. de Ad jus civile Leodiensis observationum et rerum judicatum, t. 4, Liège, 1664, pp. 478-483. — Charles de Méan, 1604-1674, licencié en droit de l'Université de Louvain, seigneur d'Atrin, ami du prince-évêque, membre du Conseil privé (1638), bourgmestre de Liège en 1641. — Ses Observationes seront rééditées en 4 vol. en 1670, puis en 1740-1741 avec commentaires de Louvrex (cfr M. FALLOISE, Charles de Méan, dans la Biographie Nationale, t. 14, Bruxelles, 1897, col. 183 sv.).

24 G. DE LOUVREX, Recueil des édits, règlements, privilèges, concordats et traités du Pays de Liége, 1èreéd., Liège, 1714, p. 5. — Mathias Guillaume de Louvrex, 1665-1734, seigneur de Ramelot, jurisconsulte, magistrat, diplomate (cfr A. LE ROY, Louvrex, dans la Biographie Nationale, t. 12, Bruxelles, 1892-1893, col. 512 sv. ; — S. DAVID-CONSTANT, De Louvrex, dans la Nouvelle Biographie Nationale, t. 2, Bruxelles, 1990, col. 116 sv.).

25 LOUVREX, Recueil contenant les édits et règlements faits pour le pays de Liége et comté de Looz, Liège, 1750, pp. 5 sv.

26 Th. BOUILLE, Histoire de la ville et pays de Liège, t. 1er, Liège, 1725, p. 208. — Théo­dose Bouille, mort en 1743 à un âge avancé, religieux carme chaussé, fils d'un greffier des Échevins de Liège ; bien que bachelier de la Sorbonne il se montre mauvais en latin et préfère écrire en français ; auteur sincère, manque d'esprit critique, c'est "le traducteur infidèle de Foullon" (Ul. CAPITAINE, Bouille, dans la Biographie Nationale, t. 2, Bruxelles, 1868, col. 800 sv.).

27 [J. PIRET], De la souveraineté des Princes-Évêques de Liège et du pouvoir des États, in-4°, s.l., 1787, pp. 4-6 [BUL, Rés. 814 C (8°)]. — Jean-Joseph Piret, 1758-1838, avocat liégeois, publiciste, défenseur des droits de l'évêque dans l'Affaire des Jeux de Spa. — C'est le fameux Jean-Nicolas Bassenge qui le prit à tort pour l'abbé de Paix ; après l'Empire, il reçut une pension comme ancien conseiller du prince-évêque (cfr F.D. DOYEN, Piret, dans la Biographie Nationale, t. 17, Bruxelles, 1903, col. 559 sv.).

28 N.J. et J.J. LEVOZ, Recherches sur les constitutions du pays de Liège, s.l., 1788. — Sur N.J. Levoz, mort en 1798, voir H. VANDER LINDEN, Levoz, dans la Biographie Nationale, t. 12, Bruxelles, 1892-1893, col. 53 sv. ; — Ad. BORGNET, Histoire de la Révolution liégeoise de 1789, t. 2, Liège, 1865, p. 566 ; — O. LEE, Les comités et les clubs des patriotes belges et liégeois, Paris, 1931, p. 221.

29 F.L. DUPERRON, Recherches sur l'institution des maîtres et commissaires de la Noble Cité de Liège [...] avant le Règlement de 1684 [...], [Liège], 1790, dans un Recueil [factice] concernant les affaires de Liège  conservé à la B.U.L. sous la cote XIII.36.4.4-17(8°). — Sur ce patriote liégeois (1733-1810), aussi auteur d'un Projet de Municipalité et d'élections pour la Cité de Liège, cfr BORGNET, Histoire de la Révolution liégeoise de 1789, t. 2, p. 557 et G. DE FROIDCOURT, Les réfugiés liégeois à Paris en 1793 et Pierre Lebrun. La fête de l'Hospitalité, dans le Bulletin de la Société Royale "Le Vieux Liège, t. 5, Liège, 1956, p. 56, n. 13.

30 Baron DE VILLENFAGNE, Recherches sur l'histoire de la ci-devant principauté de Liège, t. 2, Liège, 1817, pp. 34 sv. — Hilarion Noël de Villenfagne d'Engihoul, 1753-1826, descendant de Louvrex, chanoine de la collégiale de Tongres, coadjuteur à celle de Saint-Denis de Liège, bourgmestre de la cité en 1791, membre du Conseil privé du prince, député de la noblesse aux États, membre de la Société d'émulation, curateur de l'Université de Liège, il peut être considéré comme un pionnier de l'étude moderne de l'histoire liégeoise (cfr M. YANS, Villenfagne, dans la Biographie Nationale, t. 26, Bruxelles, 1936-1938, col. 757 sv.). Cependant il se montre partial, défendant les intérêts de l'Ancien Régime.

31 Baron DE VILLENFAGNE, L'étendard de Saint-Lambert, dans les Nouveaux mélanges historiques et littéraires, œuvres inédites, éd. X. DE THEUX, Liège, 1878, pp. 250 sv.

32 Émigré à Mayence, Villenfagne n'hésita pas à prendre la plume pour publier un Appel comme d'abus contre le prétendu État-Tiers et les usurpateurs de la Régence de Liège, in-8°, Mayence, 1790. Deux ans plus tard nous le retrouvons à Liège où il répandit en dehors du circuit de la librairie ses Recherches historiques sur l'Ordre Équestre de la Principauté de Liège, in-8°, imprimé chez Loxhay, dans lequel il s'acharne à déterminer les critères d'appartenance à la Noblesse du Pays de Liège. Dans aucun de ces deux libelles il ne fait la moindre allusion aux libertés liégeoises.

33 L.-D.-J. DEWEZ, Histoire du Pays de Liège, t. 1er, Bruxelles, 1822, pp. 126 sv. — Louis-Dieudonné-Joseph Dewez, 1760-1838, professeur d'éloquence au Collège de Nivelles, devint commissaire du Directoire près les Tribunaux, puis inspecteur dans l'Ensei­gnement sous le Régime hollandais et dans les premières années qui suivirent la Révolution de 1830 (L. ALVIN, Dewez, dans la Biographie Nationale, t. 5, Bruxelles, 1876, col. 912 sv.).


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